Si l'Atharisme est le système le plus fidèle au texte et le plus robuste face aux critiques philosophiques, pourquoi est-il devenu minoritaire pendant près de 1000 ans ?
La réponse est cynique et purement géopolitique : l'Atharisme est excellent pour le Croyant, mais terrible pour l'État.
Au 11ème siècle, pour unifier l'Empire Seljoukide contre les Fatimides, le vizir Nizam al-Mulk avait besoin d'une pensée unique. Il a créé les écoles Nizamiyya avec un cursus imposé : l'Asharisme.
L'accès aux postes de juges ou de fonctionnaires était réservé aux diplômés. Être Athari, c'était être exclu du système. C'était la "mort par le CV".
Pour un Sultan, l'Athari est un cauchemar administratif car il est rigide. Il refuse de valider les impôts ou les guerres non justifiées par le texte sous prétexte que "Dieu a dit".
L'Ashari, formé à la gymnastique intellectuelle de l'interprétation rationnelle, est plus flexible. Il possède les outils rhétoriques pour justifier rationnellement les besoins de l'État au nom de l'intérêt général.
L'élite a réussi un coup de maître sémantique en collant l'étiquette de "Hashwiyya" (les simples d'esprit) aux Atharis. Refuser la philosophie grecque était présenté socialement comme un signe de faiblesse intellectuelle.
L'histoire a fait un cercle complet : la complexité philosophique qui assurait la domination de l'Asharisme est devenue sa faiblesse à l'ère d'Internet. Le retour au texte brut a brisé le monopole des élites intermédiaires.